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Lampedusa.
 
 
 

Nous quittons Malte le 13 novembre à 14h15 pour la petite île de Lampedusa à une centaine de milles soit une vingtaine d' heures de navigation.
Nous faisons route avec un autre bateau "Blue Tang" de notre ami canadien Guy. Le temps est instable et orageux, c'est pas très folichon mais il ne faut pas se plaindre, nous avons du vent... Et oui, la navigation en méditerranée est souvent merdique.
La traversée se passe bien. Le vent est beaucoup plus Ouest que prévu et nous sommes au près. Le coucher de soleil est comme une explosion de couleur, c'est tellement beau... Et le lendemain à 10 heures, nous nous amarrons dans le port de Lampedusa.


Cette île italienne, située à 160 milles au Nord de la Libye (soit un jour de mer) est un lieu de débarquement privilégié pour les migrants clandestins qui tentent de gagner l'Europe depuis les côtes Africaines. Lampedusa , l'île de tous les espoirs est aussi l'île du désespoir et de la mort. Il y a une quinzaine de jours, un bateau plein de réfugiés à fait naufrage là, tout près des côtes. Un chalutier en mauvais était parti le premier octobre de Tripoli en Libye avec environ 500 personnes à bord, en grande majorité des Somaliens et des Erythréens. A sept heures du matin, panne de moteur à moins de 2 kms de l'île. Ils essayent de réparer et du gasoil se répand sur le pont mais rien à faire, le moteur ne démarre pas. Si près du but, que faire? Un passager a l'idée de mettre le feu à une couverture pour alerter les bateaux sur zone. Mais le fuel sur le pont s'enflamme, c'est la panique, le bateau surchargé se retourne... Bilan: 345 morts.

Les bateaux saisis sont crachés sur un terrain vague . Quelques affaires perso jonchent le sol. L'air est lourd de pleurs, de cris, de misère.... Ou est passé l'espoir? Ici, tout est désolation, ici s'arretent les rêves, ici la mort est palpable...
L'ONG " United against racism" et un journaliste italien, Gabriele del Grande, ont entrepris depuis des années des recherches à partir d'articles de presse, de rapports d'autorités ou d'ONG pour essayer de déterminer le nombre de réfugiés morts ou disparus en cherchant à gagner l'Europe. La comparaison de leurs bases de données révèle que depuis 2002, plus de 3000 migrants sont morts ou ont disparu aux abords de l'île de Lampedusa... Pratiquement un par jour.
Bien évidement les migrants ne peuvent traverser sans passeurs. Des hommes sans scrupule, des bandes très organisées exploitent leur misère. Et c'est très rentable. Selon Interpol, le trafic d'êtres humains rapporte chaque année 5 milliards d'euros aux mafias, soit leur troisième revenu après ceux liés à la drogue et aux armes. Ces nouveaux négriers sans foi ni loi ne reculent devant rien pour s'enrichir sur le sang des plus pauvres.

Et puis il y a la vie. A Lampedusa il y a des familles, des écoles, des touristes. Ici, de la musique s'échappe par une fenêtre ouverte, là bas au stade se joue un match, sur le port des pécheurs ravaudent leurs filets et d'autres nettoient leurs éponges , les restos préparent leurs tables en terrasse, certaines maisons sont bizarrement décorées, il y a des tags un peu partout...